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27 décembre 2012

Paroles et idioties de Nasr Eddin HODJA

Sublimes paroles et idioties

De Nasr Eddin Hodja

 

"Un jour, le voisin de Nasredin Hodja se précipita chez lui en demandant quel était ce terrible bruit qu'il venait d'entendre.
- Ce n'est pas grave, dit Nasredine, c'est juste ma femme qui a jeté ma tunique dans l'escalier.
- Et ça a fait un bruit pareil ?
- Oui... J'étais dedans."

  Ou bien comment le monde Persan est parvenu à consacrer l’irrévérence, la lâcheté et le blasphème. Cet homme tantôt jeune et fou, tantôt vieux et sage, tantôt bouffon ou Cadi, est célébré dans l’ensemble du monde musulman. Ses histoires furent recueillies de la Turquie à l’Albanie et jusqu’en Mongolie, en provenance d’une pure tradition orale.

  De l’hypothétique existence de cet homme, entre le XIe et le XIIe siècle, nous n’avons comme indice qu’une tombe (factice ?) à Akshéhir en Turquie, d’où le Hodja contemplerait encore le monde d’un trou creusé dans la stèle.

  Friands que nous sommes des individus touche-à-tout et insaisissable qui content le monde avec humour et cynisme à leur contemporains (c’est un peu notre Toto), il s’agit bel et bien d’un personnage iconoclaste, exerçant tour à tour (ou à la fois) les métiers de juge, muezzin, bouffon, vendeur, précepteur, et surtout paysan.  Au chevet constant de sa femme et de son âne, un œil lorgnant toujours chez le voisin, en quête de chaparderie ou de ragots pas très mondains…

  Nasr Eddin, dans le sens qui lui convient, s’amuse particulièrement à rationaliser le fait religieux et ses aventures de nous présenter un islam capable d’autodérision, porté vers sa propre caricature. A commencer par ce titre de Hodja, désignant plus ou moins littéralement un maître d’études coraniques…double message selon Jean-Louis MAUNOURY : notre homme est en mesure de dispenser un enseignement digne d’être retenu, et ridiculise par ses tours et ses provocations les « détenteurs patentés du savoir religieux » !

  Un jour filou, bêta, porté sur le gain et le pouvoir, un jour faussement désintéressé mais porté sur l’esprit, et toujours jouant du sarcasme et de la ruse. Usant d’avantage d’injonctions paradoxales comme outils de pédagogie, et de prétextes religieux comme instrument de maîtrise auprès de ses détracteurs, pour toujours aboutir à ses fins…et du moins se sortir des situations délicates !

  En se détachant souvent volontairement de toute morale et de toute pudeur (dépassant les frontières de la sexualité débridée et jusqu’à la scatophilie !), tant auprès de ses élèves que de ses maîtres, il lutte seul contre l’ordre des choses ; et au-delà de l’hilarante absurdité de nombreuses scènes, le Hodja ramène en permanence ses pairs à l’observation et à la compréhension de leurs comportements…il offre un profil différent, une vue nouvelle sur les situations.

"Nasreddin Hodja était devenu juge à Akshéhir. Un homme vint se plaindre d'un autre.
- Tu as raison, dit-il, après l'avoir écouté.
L'autre arriva le lendemain et raconta le contentieux à sa façon.
- Toi aussi, tu as raison, répondit Hodja.
Sa femme qui avait entendu les deux versions se scandalisa :
- Hodja ! Quelle est cette justice ? Un juge qui donne raison à l'un, puis à l'autre.
Après avoir réfléchi un moment, Nasreddin se retourna vers sa femme et lui dit :
- Chérie, toi aussi, tu as raison !"

   Je reste émerveillé par la force de caractère et la présence des personnages secondaires qui entourent le Hodja, cet abominable empêcheur de tourner en rond. De sa femme Khadidja, aux voisins directs, en passant par le grand Timour Leng chef de l’armée Tartare et maître devenu bouffon ! Et que dire de tous les fidèles croyants humiliés quotidiennement, blessés dans leur foi et leur honneur…en présence de Nasr Eddin, tout jugement spirituel est à revoir deux fois, ou trois, ou quatre…

  S’il n’est pas candide, il est souvent présenté comme un « idiot complet », bien sûr. Un éloge. Il serait considéré sociopathe puis interné dans notre bonne vieille démocratie, laissé en errance famélique ou lapidé dans une société musulmane intégriste contemporaine…

  Pour moi un livre de chevet perpétuel…une source d'humour et de sagesse, à lire au quotidien.

  Il existe de nombreux recueils plus ou moins complets, ainsi qu’une édition illustrée (et quelque peu édulcorée) pour les plus jeunes.

 

 Arthur.

images

 

 

http://nasreddinhodja.blogspot.fr/

http://istanbul.blog.lemonde.fr/2012/08/06/nasreddin-hodja-tient-les-barbus-par-la-barbichette/

 

"Nasr Eddin et sa femme paressaient au lit et aucun d'eux n'avait envie de se lever.
- Kalima, dit Nasr Eddin, va voir dehors s'il pleut encore.
- Non, le temps est sec, sinon tu entendrais le bruit de la pluie sur le toit.
- Alors, lève-toi pour mettre une bûche dans le feu.
- Tu ne vois pas d'ici qu'il reste encore des braises dans la cheminée ?
- Je vois que tu n'as aucune envie de te lever. Puisque tu as réussi à faire deux tâches sans sortir du lit, dis-moi comment tu comptes t'acquitter de la troisième ?
- Laquelle ? Interrogea Khadidja
- Traire la chèvre qui se trouve dans la cabane, au bout du jardin.
"

 

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