Blast

Alors que l'on nous annonce
le tome 3 pour le 03 octobre,
il est urgent de lire ou relire
Blast 1 et 2 de Manu Larcenet.

Je mens.
Je mens toujours.
Je dis que je ne me souviens de rien, que je suis né du matin.
Je dis que je comprends, qu'à votre place, sans doute, j'aurais ri aussi.
Je mens pour un peu de repos, d'indulgence, pour le pardon de ma dissemblance.
Je mens aussi pour ne pas vous massacrer à mon tour.
Je mens toujours car, en réalité, je me souviens de tout.

Blast Tome 2 : L'apocalypse selon Saint-Jacky

  L’histoire d’un huis-clos entre deux policiers et Polza MANCINI, personnage aussi adipeux physiquement qu’agile et fuyant intellectuellement. Carole OUDINOT se trouve dans un état grave à l’hôpital, et dès le début du récit, aucun doute n’est fourni quant à la culpabilité de Polza : toute l’intrigue va se dérouler autour de la compréhension, du mobile, du cheminement criminel. Quand les deux flics veulent « une suite logique qui mène à Carole… », Polza répond par l’histoire tordue et pleine de nuances qui défait toute éthique, toute justice : « la collision entre le hasard et mes obsessions ».

 C’est avec autant d’appréhension que de curiosité que j’ai ouvert le premier tome de Blast, craignant, chez l’un de mes auteurs favoris, une nouvelle mise en abîme de ses angoisses névropathes pourtant si bien exploitées dans les œuvres précédentes  ; mais c’est un parcours intellectuel et artistique étonnant, que celui de Manu LARCENET

En plein dedans ! Quelle surprise au contact de ce personnage, Polza MANCINI, dont la richesse du monde intérieur nous entraine comme un vent de liberté aux tréfonds des encombrantes apparences et d’une sordide réalité. Le crime commis, que l’on devine atroce, macabre, flotte à la surface du récit quand l’auteur nous entraine dans les profondeurs d’une âme perceptive et déterminée.

Qui n’a jamais rêvé, parfois souhaité, franchir les barrières de sa propre histoire et s’enfuir à la recherche non pas d’une sensation nouvelle, mais de LA sensation. Un bouleversement existentiel.

C’est un tour de force que de rendre attachant (mais toujours sans complaisance !) ce personnage, véritable montagne d’angoisse et de complexes. Polza prend du plaisir à franchir les limites, jouit de cette quête qui sera -sans doute- sans fin, et d’une façon si bestiale et si libre qu’un frisson glacial parcourt le lecteur et ramène chacun à ses propres fantasmes destructeurs.

Point d’orgue de cette lecture : le dessin, tellement aiguisé et abouti ! Observez les regards de chaque personnage, distinguez les surprises ou les épanouissements : ces visages prennent le pas sur le mouvement, donnent la dynamique que la masse de Polza souhaite confisquer. Et le Blast comme unique couleur trouvée à la dépression ambiante.

Que le troisième tome tienne la promesse annoncée par ses prédécesseurs !

Arthur

   

4ème de couverture

«Je mens... Je suis en feu, je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu.» Un homme seul dort dans les bois. Masse inouïe de plus de 150 kilos, il est parti un beau matin, laissant sa vie d'avant, à la recherche du blast, ce court instant de perfection, flash improbable, qui survient parfois, lorsque, oubliant sa graisse, il parvient à voler.
Après un premier tome prix des libraires 2010, Manu Larcenet signe un immense roman graphique, noir et âpre, d'un humanisme bouleversant.

Auteur : Manu Larcenet
Genre : BD
Editeur : Dargaud 
Date de publication : 04-2011

Prix : 22,90, 208 pages
ISBN : 978-2-205-06759-0

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